un projet d’Antoine Mialon et Jessica Servières

FANTASMAGORIA veut dresser le portrait d’une ville populaire singulière avant que ses particularités ne soient absorbées dans des mutations urbaines et sociales majeures.
Mais Fantasmagoria, traite aussi d’Aubervilliers comme un vaste territoire de spéculation fictionnelle et virtuelle du projet Grand Paris. La ville mute au rythme du débordement de l’intra-muros parisien transformant les images stéréotypées propres à la ville de ban lieue en projections publicitaires vantant la ville de demain, moderne et connectée.
Ces images publicitaires qui parsèment notre environnement dessine en creux un nouveau regard décalé de la population qui l’habite.
Le projet Fantasmagoria est une invitation à plonger dans l’imaginaire collectif et sensoriel des habitants, pour lire la ville au travers du regard de ceux qui y vivent et la font vivre.

AUBERVILLIERS
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Aubervilliers fait partie de la ceinture rouge de Paris. Elle est caractérisée par un très fort héritage industriel et ouvrier qui a supplanté un paysage rural qui produisait les meilleurs légumes de la capitale (Notre Dame des Vertus).
À la fin du XIXème siècle, l’essor rapide de l’industrialisation a fait appel à diverses vagues d’immigrations. Aubervilliers terre des exilés, est à l’écoute des pulsations du monde, témoin alerte des variations et convulsions géopolitiques de la planète.
C’est une ville où plus de 110 langues maternelles sont parlées et écrites au sein d’une commune comptant 85 000 administrés, ce qui en fait une des agglomérations les plus riches d’Europe par sa diversité de population.
La période de désindustrialisation a marqué fortement la morphologie de ce territoire atemporel, il est quasiment resté dans sa forme première d’avant la crise de 1973, à l’exception de quelques opérations de logements sociaux.
Ville populaire et mise au ban, elle est également la commune la plus pauvre de France (45.5% de la population ont des revenus en dessous du seuil de pauvreté, source INSEE -2015) et la seule agglomération de la première couronne Parisienne qui ne possédait pas de métro desservant son centre-ville, jusqu’en 2022. Le foncier y est devenu par conséquent très attractif dans les perspectives qu’offrent l’arrivée du Grand Paris express et les aménagements pour les jeux olympiques. La spéculation y est féroce.
LE PROCESSUS
À partir d’une réalité de terrain, la tentative d’un rêve se dessine.
Au travers d’une série de rencontres, de recueils de témoignages, de dessins ; des envies et des désirs ont été collectés sous la forme d’un journal de bord des territoires vécus. Ces traversées Albertivillariennes constituent un répertoire des savoirs habitants qui servent de support à la construction d’un Aubervilliers fantasmagorique, fruit de l’imagination de ses habitants.
Ce sont huit associations, quatre collectifs habitants, et une dizaine de groupes informels de la ville d’Aubervilliers qui ont participé aux ateliers. Quatre initiatives habitantes ont été accompagnées dans leur développement.






Ateliers avec les résidents du Centre d’Hébergement d’Urgence Modulotoit
Chroniques des Paysages
«…Le parcours est plus qu’un déplacement sur le territoire de l’autre, c’est un voyage dans son univers de référence . En acceptant la mise en scène d’un territoire par de multiples itinéraires qui le mettent en tension, il devient possible de faire jouer les plaques sensibles sur lesquelles se cartographient des mobilisations multiples qui révèlent des marges et des contextes sur lesquels se négocient les articulations et ouvertures d’un lieu.
Dans les différences qu’ils font apparaître, les itinéraires mettent en résonance ou en dissonance les zones sensibles et les aspérités d’un lieu, les itinéraires sont une propédeutique à la mise en œuvre d’un « ménagement ».
Jean Yves Petiteau, La Méthode des Itinéraires, extrait conférence, 25 févier 2014, palais de chaillot.





Présenter le travail et débattre autour de ces questions

Restitution Publique à Aubervilliers
L’exposition présente les différentes phases du processus de création. Catalogue des itinéraires, une série de photographies réalisées par les habitants lors d’ateliers et de parcours individuels commentés, deux cartographies présentant les cartes réalisées lors des ateliers, une carte de synthèse de ces cartographies sensibles et une carte des projets urbains en cours.
EXPOSITION à la Folie Numérique, Parc de la Villette
Une série d’images virtuelles est présentée fin 2019 à la Folie Numérique dans le parc de la Villette à Paris. Il s’agit d’élaborer des images monuments du quartier, de faire par illusion d’optique une déformation de la réalité, comme une proposition des potentialités. Ces images serviront de support à débat autour des enjeux de la ville en devenir.
EXPOSITION à la Maison des Sciences de l’Homme, Paris Nord
L’exposition présente les différentes phases du processus de création. Catalogue des itinéraires, une série de photographies réalisées par les habitants lors des parcours commentés, une vidéo présentant la journée de débat du 10 novembre 2018, deux cartographies présentant les cartes réalisées lors des ateliers, une carte de synthèse de ces cartographies sensibles et une carte des projets urbains en cours.
LES ACTEURS DU PROJET FANTASMAGORIA
Antoine Mialon, architecte urbaniste et Jessica Servières, photographe-vidéaste, se sont associés pour monter ce projet à Aubervilliers, ville où ils vivent et travaillent. Antoine Mialon a cofondé en 2004 le collectif Topoï, collectif pluridisciplinaire dans lequel, la parole habitante est considérée comme un outil de programmation urbaine. Jessica Servières a développé plusieurs projets photographiques et vidéo au sein de l’association Périscope sur des sujets tels que le genre et la ville, l’espace publique, ce qui fait société dans des villes multiculturelles.
Avec l’association APPUII (Alternative pour des Projets Urbains Ici et à l’International), hébergée à la MSH Paris-Nord et dirigée par Agnès Deboulet (Sociologue Paris 8 et coordonnatrice du thème de recherche l’urbain et citoyen dans la mondialisation à la MSHPN), ils ont organisé ensemble, le 10 novembre 2018, une journée de débat autour des enjeux démocratiques des villes en transformations. Lors de cette journée d’action dans l’espace public art, urbanisme, recherche et politique étaient réunis dans une volonté d’échange et de débat pour que l’accès à la ville de demain soit plus démocratique.
Avec le soutien de : la Fondation de France, la DRAC, le Commissariat général à l’égalité des chances et la ville d’Aubervilliers